La marée du siècle : beaucoup de remous pour rien !

La marée est un phénomène inconnu des méditerranéens, la marée est capable d’installer des légendes ancrées dans notre imaginaire. L’histoire de la mer enveloppant le Mont Saint Michel à la vitesse d’un cheval au galop en est le meilleur exemple.

Juste avant l’arrivée du printemps, nous avons entendu parler dans les médias de la « marée du siècle ». Pour autant, une semaine après, le phénomène n’intéressait plus personne et s’il a attiré beaucoup de monde sur les côtes, il ne s’est pas passé grand-chose. La mer est montée à un niveau un peu plus élevé que d’habitude puis s’est doucement retiré à un niveau, encore une fois, plus élevé que d’habitude.

Pourquoi a-t-on parlé de marée du siècle ? Qu’est ce qu’une marée ? Pourquoi celle-ci n’a-t-elle pas été aussi impressionnante que ce que prédisaient les médias ?

Une « marée du siècle », c’est quoi ?

Selon le Larousse, la marée est une oscillation quotidienne de la mer dont le niveau monte et descend alternativement. La différence de hauteur d’eau entre la marée haute et la marée basse s’appelle le marnage. Cette différence est d’ailleurs parfaitement illustrée par les photos suivantes.

La marée du siècle dans la réalité : un aperçu à Granville en Basse-Normandie

Les photos suivantes illustrent parfaitement le décalage entre l’engouement constaté avant l’évènement et la réalité de la marée du siècle. Nous remercions d’ailleurs Dominique et Jean-Pierre Alluin, nos reporters en herbe, d’avoir bravé le froid normand pour prendre ces très belles photos du port de Granville.
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Photo © Jean-Pierre Alluin – L’entrée de l’avant port de Granville à marée haute (étal de pleine mer)

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Photo © Jean-Pierre Alluin – L’entrée de l’avant port de Granville à marée basse

L’échelle qui permet de déterminer l’importance du phénomène est exprimée par un coefficient : de 20 à 120, plus le coefficient est haut, plus le marnage est important. Quand l’amplitude entre haute et basse mer est grande, on parle de grande marée ou marée de vives eaux, à l’inverse quand cette amplitude est faible on parle de marée de mortes eaux.

Ce phénomène est provoqué par l’attraction de la lune et du soleil.

L’appellation « marée du siècle » désigne une marée particulièrement importante dont le coefficient approche le maximum de 120.

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Photo © Jean-Pierre Alluin – Balise « le Loup » à marée basse vue de près

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Photo © Jean-Pierre Alluin – Balise « le Loup » à marée haute (Granville)

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Photo © Jean-Pierre Alluin – Balise « le Loup » à marée basse (Granville)

Pourquoi avoir prévu une marée spectaculaire ?

Lors des équinoxes de printemps et d’automne, le soleil passe dans le plan de l’équateur ce qui renforce son attraction sur les masses d’eaux. De son côté, la lune, dans son mouvement elliptique, se trouve plus proche de la terre, l’attraction est donc plus forte (en cas de nouvelle ou de pleine lune, le phénomène est encore renforcé, ce qui fut le cas le 21 mars).

L’alignement de la semaine dernière était prévu pour provoquer une marée de coefficient 119, donc une grande marée particulièrement impressionnante. Quelques unes d’entre elles ayant déjà fait des dégâts parfois tragiques (lire l’article sur la tempête Xynthia), on pouvait logiquement s’attendre à un phénomène spectaculaire.

De plus, les médias peuvent très bien avoir mis l’accent sur le phénomène pour diverses raisons :

  • Pour la sécurité d’abord, en effet, comme cela fut déjà le cas à La Faute sur Mer, une tempête combinée à une marée de vives eaux est susceptible de provoquer des dégâts très importants, voire des drames humains.
  • Ensuite, on est en droit de se demander si l’idée n’est pas d’attirer les curieux sur le littoral afin de favoriser les activités touristiques. En effet, selon de nombreux témoignages, la marée fut plus humaine que maritime.

 Pourquoi la marée du 21/03 n’a-t-elle pas été spectaculaire ?

Tout d’abord, il faut savoir que l’appellation « marée du siècle » est on ne peut plus erronée. En effet, ce type de phénomène a lieu tous les 18 ans, on est donc très loin du siècle annoncé. En réalité, ce qui justifie ce surnom c’est son caractère plutôt rare.

Il faut, pour qu’une « marée du siècle » soit vraiment exceptionnelle, la conjonction de plusieurs événements météorologiques :

  • Tout d’abord, il y a le problème de la pression atmosphérique, en effet plus elle est forte, moins la mer est susceptible de monter haut ; or le 21 mars, nous étions dans une situation anticyclonique (c’est-à-dire de haute pression). En cas de dépression (c’est-à-dire de basse pression), la marée prend un peu plus d’ampleur.
  • Ensuite, il faut qu’il y ait un vent important et dirigé vers la terre pour amplifier le phénomène.

La marée est un phénomène qui, pour être important, nécessite la conjonction des attractions lunaire et solaire, mais qui pour être véritablement spectaculaire, voire catastrophique doit aussi compter sur la météo. En effet La marée peut être considérée comme un facteur aggravant une situation de basses pressions caractérisée par une tempête.


Publié par Pierre-Hugo Monteil pour Preventimmo
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Pierre-Hugo Monteil


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