Risque radon

Risque méconnu, le radon est un gaz radioactif d'origine naturelle considéré comme la 2e cause de cancers des poumons en France après le tabac. Un risque principalement présent dans les habitations et dont l'information aux acquéreurs et locataires est obligatoire depuis le 1er juillet 2018.

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Qu’est-ce que le radon ?

La radon est un gaz radioactif, incolore et inodore d’origine naturelle que l’on peut trouver partout : dans l’air, le sol et l’eau. Issu de la désintégration de l’uranium et du radium présent dans la croûte terrestre, une partie du radon produit par les roches peut parvenir à l’air que nous respirons. Mais s’il se dilue rapidement dans l’air, il peut atteindre des concentrations élevées dans des lieux confinés tels que les habitations pouvant atteindre plusieurs milliers de Bq/m³.

Le radon et les risques de cancer

Le centre international de recherche sur le cancer (CIRC) l’a classé comme cancérogène certain depuis 1987. Présent en concentration très élevée dans les mines d’uranium, le radon est connu depuis longtemps comme un facteur avéré de risque de cancer du poumon. En France, il serait d’après l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), la deuxième cause de mortalité par cancer des poumons après le tabac avec près de 3000 décès par an.

Si L’OMS recommande le seuil de 100 Bq/m3 dans les bâtiments, seuil à partir duquel le risque de cancer des poumons augmente de 16%, il faut essentiellement retenir que le risque de développer un cancer des poumons augmente proportionnellement à la durée d’exposition au radon. Ainsi il est plus dangereux d’être exposé pendant plusieurs années à une concentration moyenne que de passer quelques heures dans une mine d’uranium.

Où trouve-t-on le radon en France ?

Si le radon est présent partout en France, il se trouve en concentration plus élevée dans les zones localisées sur les grands massifs « anciens » (Massif armoricain, Massif central, Corse, Vosges, etc.) ainsi que sur certains grès et schistes noirs.

Des campagnes de mesures mises en œuvre par l’IRSN et la Direction Générale de la Santé (DGS) depuis les années 80 ont permis de dresser une cartographie des concentrations moyennes en radon dans les habitations.

Moyenne par département des concentrations en radon dans l’air des habitations (en Bq/m³) – Source : www.irsn.fr

La cartographie et les zones à potentiel radon

Si la géologie est un des principaux facteurs influant sur les niveaux de concentration en radon, d’autres facteurs sont également importants tels que les caractéristiques du sous-sol (existence de failles, cavités minières…) ou des constructions (étanchéité entre le sol et l’habitation, matériaux de construction utilisés, etc.).

Grâce à la connaissance de tous les paramètres ayant une influence sur les conditions de transfert du radon et des formations géologiques, l’IRSN, sur la demande de l’autorité de sûreté nucléaire, a établi une cartographie du potentiel radon en France métropolitaine et en Outre-Mer.

Pour faciliter la lecture de cette cartographie et permettre à chacun de connaître le potentiel radon de sa commune, l’arrêté du 27 juin 2018  a divisé la France en 3 zones à potentiel radon et a réparti 7000 des 35357 communes françaises dans une de ces 3 zones :

Les zones à potentiel radon de catégorie 1

Les communes situées dans une zone à potentiel radon de catégorie 1 sont celles présentant le risque le plus faible. Elles sont pour la plupart situées sur de grands bassins sédimentaires (bassin parisien, aquitain…)  ou sur des formations volcaniques basaltiques (massif central, Antilles, Polynésie…). Dans les zones de catégorie 1, seulement 20% des bâtiments dépassent 100 Bq.m-3 et moins de 2% dépassent 400 Bq.m-3.

Les zones à potentiel radon de catégorie 2

Les zones de catégorie 2 partagent les mêmes caractéristiques géologiques dans les zones à potentiel radon de catégorie 1 mais certains facteurs géologiques peuvent faciliter le transfert de radon vers les bâtiments (failles, mines) et augmentent de fait le risque de concentration élevée de radon.

Les zones à potentiel radon de catégorie 3

Les zones à potentiel radon de niveau 3 sont celles qui imposent une information acquéreur et locataire sur ces risques. Cette information a été rendue obligatoire par le décret du 04 juin 2018 et doit figurer dans tous les états des risques et pollutions obligatoires à compter du 1er juillet 2018.

Ce sont des zones dont les formations géologiques sont les plus riches en uranium, soit principalement des massifs granitiques  (massif armoricain, massif central, Guyane française…) et certaines formations volcaniques  (massif central, Polynésie française, Mayotte…).

Les Outre-Mer (DROM-COM) comprennent  une forte concentration de zones à potentiel de catégorie 3 comme la Guyane, Mayotte ou Saint-Pierre-et-Miquelon. Toutefois, les caractéristiques des habitats d’Outre-Mer, souvent très ouverts et aérés, peuvent expliquer des concentrations très variables sur une zone pourtant très exposée. C’est le cas par exemple, du risque plus faible en Nouvelle-Calédonie en raison de constructions très ouvertes et donc très ventilées en opposition aux constructions bien isolées de Saint-Pierre-et-Miquelon.

Les limites de zones à potentiel radon d’après l’IRSN :

« Le potentiel radon ainsi fourni ne présage en rien des concentrations présentes dans les bâtiments, celles-ci dépendant de multiples autres facteurs (étanchéité de l’interface entre le bâtiment et le sol, taux de renouvellement de l’air intérieur…). La cartographie ne peut donc en aucun cas se substituer à la réalisation de mesures. »

Comment mesurer le taux de radon dans un bâtiment ?

Malgré l’absence d’une réglementation sur la concentration de radon pour les habitations (à l’exception des établissements recevant du public – ERP) et compte tenu des risques d’une exposition au radon à long terme, il est recommandé de procéder à un dépistage pour écarter définitivement tout risque d’exposition au radon à long terme ou de procéder dans le cas contraire à la mise en place de solutions pour réduire sa concentration.

Détecteur de radon grand public

Le dépistage du radon peut être effectué par toute personne disposant d’un dosimètre radon. Afin que les résultats soient significatifs, il convient d’installer le dosimètre :

  • dans la ou les pièces les plus occupées
  • pendant si possible la période hivernale, dite « période de chauffage »
  • de plusieurs semaines à 2 mois en fonction de l’équipement de détection

Le dépistage obligatoire dans les ERP

Le décret n° 2018-434 du 4 juin 2018 a apporté plusieurs évolutions aux mesures déjà existantes sur la gestion du risque radon dans les Établissements Recevant du Public (ERP). En plus du nouveau seuil de référence de 300 Bq/m3 (au lieu des 400), le décret du 4 juin impose un « mesurage de l’activité volumique en radon » tous les dix ans aux ERP suivants :

  • Les établissements d’enseignement, y compris les bâtiments d’internat ;
  • Les crèches ;
  • Les établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux avec capacité d’hébergement (hôpitaux, Ephad…) ;
  • Les établissements thermaux ;
  • Les établissements pénitentiaires.

Dans ces ERP, la mesure du radon devra être effectuée par une entreprise agréée et devra déclencher des actions correctrices ou des travaux si l’activité volumique dépasse le seuil de référence.

L’autre nouveauté apportée par le décret du 4 juin concerne l’exposition des travailleurs au risque radon. Ainsi, tous les lieux de travail situés en sous-sol ou en rez-de-chaussée doivent faire l’objet d’un dépistage radon, soit par l’employeur lui-même soit par un prestataire agréé.

Quelles mesures pour réduire la concentration de radon ?

Si des mesures de réduction de l’exposition à ce gaz sont conseillées quelle que soit la concentration constatée à l’issue du dépistage, il est particulièrement recommandé de mettre en place une des deux solutions suivantes à partir d’une concentration de radon supérieure à 300 Bq/m2 :

  • supprimer la radon présent dans l’habitation en agissant sur le renouvellement de l’air intérieur
  • réduire le transfert de radon vers l’intérieur du bâtiment en renforçant son étanchéité vis-à-vis du sol
Le saviez-vous : sous certaines conditions et si la concentration en radon est élevée, vous pouvez bénéficier d’une aide de l’agence nationale de l’habitat (Anah) pour conduire ces travaux.

Pour en savoir plus

  • Ma santé et le radon – IRSN : https://www.irsn.fr/FR/connaissances/Environnement/expertises-radioactivite-naturelle/radon/webdoc-radon/Documents/1.masante.html

Publié par pour Preventimmo
A propos de l'auteur

Pierre-Hugo Monteil